Assainissement du secteur du développement communautaire :
De quel type d’ONG et Association le Niger a-t-il besoin ?
Le Ministre de l’aménagement du territoire et du développement communautaire Maman Ibrahim Mahaman a remis, le jeudi 22 juin 2023, le document d’orientations pour l’assainissement du secteur des organisations non gouvernementales (ONG) et des associations de développement (AD). Dans ce document élaboré lors d’une réunion ayant eu lieu du 28 au 30 novembre 2022, à Niamey, les ONG et associations de développement ont fait des recommandations à plusieurs niveaux.
« Sur le plan juridique, il a été convenu de fédérer le cadre juridique afin de simplifier les procédures d'obtention des différents documents de partenariat et de prendre en compte certaines préoccupations majeures (double imposition sur le revenu du personnel expatrié, les exonérations, la gestion du matériel en fin de projets...), et ce conformément aux dispositions des textes et règlements de la République », a indiqué le ministre Maman Ibrahim Mahaman, dans une allocution faite à l’occasion de la cérémonie de remise du document au PM.
« Concernant le Partenariat, les assises ont convenu d'améliorer les mécanismes de concertation, de partenariat et de transfert de compétences entre tous les acteurs du secteur tout en assurant l'alignement des interventions des ONG/AD aux priorités et orientations nationales et locales », a ajouté le ministre en charge du développement communautaire.
Sur la question de Suivi-Evaluation, le membre de l’Exécutif nigérien a noté qu’il a été recommandé « de renforcer les capacités institutionnelles, organisationnelles et matérielles de la Direction en charge de suivi et contrôle des interventions des ONG/AD et de mettre en place un comité technique interministériel afin de promouvoir la bonne gouvernance et la redevabilité dans la gestion du secteur ».
« Sur le plan de la coordination, tous les acteurs sont encourages à améliorer leur partenariat dans l'accompagnement de l'Etat et des Collectivités pour la mise en œuvre des politiques publiques à travers entre autres, l'intégration de leurs capacités et l'harmonisation de leurs interventions. A ce titre, il a été recommandé de redynamiser les cadres de coordination et d'éviter la multiplicité des centres de décisions au niveau des Institutions de l'Etat et des Ministères sectoriels », a-t-il ajouté.
Et « par rapport au financement du secteur des ONG/AD, les assises nationales ont recommandé la mise en place d'un fonds de soutien aux ONG/AD nationales tout en invitant les Partenaires Techniques et Financiers à leur assouplir les conditions d'accès à leurs financements », a énuméré l’officiel nigérien.
En se prononçant sur la tenues des assises du 28 au 30 novembre 2022, le ministre Maman Ibrahim Mahaman a expliqué qu’ont « suscité un vif engouement et connu un franc succès en raison de leur caractère novateur, inclusif et participatif, mais aussi en raison de votre implication Excellence Monsieur le PM et de l'accompagnement de nos Partenaires Techniques et Financiers ».
Après avoir reçu le rapport d’orientation pour l’assainissement du secteur du développement, le Premier ministre a indiqué que le document est d’abord l’occasion pour les ONG et les associations de développement d’expliquer à leurs « bailleurs de fonds respectifs le travail qui a été accompli, mais c’est aussi l’occasion pour le gouvernement d’avoir les données » sur ce que les acteurs réalisent sur le terrain.
Selon le Chef du Gouvernement nigérien, ce rapport doit s’accompagner d’une comptabilité et des comptes fiables et transparents, car les « les ONG sont des entités qui manipulent des fonds publics. Donc au même titre qu’on exige de l’Etat une reddition des comptes, nous devons exiger des ONG une reddition des comptes ».
« Cela est extrêmement important pour votre survie-même en tant que ONG. Lors que les ONG ne rendent pas compte ou rendent compte de façon insuffisante, évidemment, ça rend les bailleurs de fonds suspects et ça rétrécit le volume d’argent qui va dans les ONG », a-t-il dit à l’endroit des acteurs du secteur.
« Donc pour nous, si nous insistons sur la reddition des comptes, c’est à la fois pour vous permettre d’avoir encore plus de ressources et de réaliser encore plus de résultats pour que au terme de l’évaluation du plan de développement économique et social (PDES, 2022-2026) que nous sommes en train de réaliser, qu’on puisse dire que la réalisation des ONG a encore augmenter par rapport que celle qui a été observée dans le plan de développement économique et social précédent », a par la suite indiqué le Premier ministre.
Les représentantes des ONG et association de développement nationales et internationales, ainsi que celle des bailleurs de fonds, la coordinatrice du système des Nations Unies ont tous intervenus pour confirmer les recommandations lues par le ministre du développement communautaire dans son discours, avant d’appeler le Gouvernement à les mettre en application.
L’idée d’assainir le secteur des ONG et association de développement remonte au conseil des ministres tenu le 17 juin 2018, où après la présentation du bilan de mise en œuvre des interventions des ONG/AD au titre de l'année 2017, le ministre en charge du développement communautaire a été instruit pour engager un programme d'assainissement de ce secteur afin de prendre en charge certaines préoccupations majeures relevées dans la mise en œuvre des activités au niveau de certaines ONG/AD.
Ce processus, rappelle-t-on, a connu une accélération avec la rencontre le 1er décembre 2021 du Président de la République, Mohamed Bazoum, avec les responsables des ONG/AD intervenant au Niger.
Au cours de cette rencontre, le Président de la République a salué le « rôle éminemment important » que les ONG/AD jouent dans le pays « à la fois en tant qu'instrument privilégié de solidarité et soutien précieux aux efforts de l'Etat tant en période normale qu'en temps de crises.
Le Président de la République a également lors de cette rencontre du 1er décembre 2021 relevé « les préoccupations et questionnements que les interventions des ONG/AD suscitent d'un point de vue opérationnel et a instruit le ministre de tutelle pour organiser sous le patronage du Premier ministre, des assises nationales pour le recadrage de leurs interventions au Niger.
Mahamane Manzo