Drame de Tamou
Les investigations de la CNDH apportent désormais la lumière sur les évènements de Tamou
Les évènements survenus à Tamou le 24 octobre 2022, avaient suscité aussitôt un véritable tollé, avec un écho assez impressionnant pour indigner au-delà des familles des victimes tous les citoyens épris de paix.
Seulement, le sensationnel aidant, la polémique créée sur les réseaux sociaux concernant ce drame, notamment sur les circonstances et sur le nombre des victimes, a conduit la Commission Nationale des Droits Humains (CNDH) à s’autosaisir dès le 03 novembre 2022, pour faire la lumière sur ce qui s’est réellement passé le 24 octobre 2022.
La CNDH qui est déjà habituée à ce genre d’investigations à travers une équipe neutre, inclusive et objective, s’est conformément à la procédure dotée de tous les moyens nécessaires, les ressources humaines et matérielles pour investiguer, vérifier et établir les faits afin de faire la lumière sur ces malheureux évènements.
Et, les conclusions de cette investigation rendues publiques ce 27 décembre 2022, font ressortir que le 24 octobre 2022, il y a eu une attaque terroriste sur le poste de police de Tamou soldée par la mort de deux policiers et d’un blessé grave.
Par la suite, les frappes aériennes sur un dépôt d’armes des groupes terroristes, non loin du site d’orpaillage de Tamou ont occasionné la mort de 11 personnes civiles dont, 6 sur le lieu des frappes aériennes, un blessé qui a rendu l’âme au CSI de Tamou, deux autres victimes découvertes par la mission de la CNDH dans un puits dont, l’autopsie a conclu sur une mort par asphyxie, et deux autres parmi les 25 blessés admis à l’Hôpital de Niamey qui ont succombé de leurs blessures, portant ainsi le nombre de décès, à 11 personnes civile et deux policiers.
Hormis la frappe aérienne, l’enquête de la CNDH a aussi conclu sur l’atteinte à l’intégrité physique et au droit à la vie, car c’est l’opération de ratissage menée au sol par les éléments du Groupe d’Action Rapides de Surveillance et de d’Intervention(GARSI) sous le commandement de l’opération NYA qui a provoqué des blessures par balle sur 25 personnes, ayant conduit à la mort pour les deux derniers décès à l’Hôpital de Niamey.
Pire, il y a eu pour le besoin des renseignements militaires, quelques 500 orpailleurs interpellés et rassemblés pendant un moment par les FDS.
En définitive, il y a lieu de retenir au regard des investigations menées par la CNDH en toute indépendance et impartialité, mais aussi de façon inclusive et professionnelle, qu’il y a eu certes une attaque terroriste meurtrière sur un poste de police, et que dans la riposte, il y a eu bavure puisque des orpailleurs innocents ont été tués et blessés par les frappes aériennes et les balles des FDS.
Des véritables victimes innocentes, dont les rescapés et les familles endeuillées méritent d’être dédommagées conséquemment par l’Etat du Niger. La CNDH qui a fait des recommandations à l’endroit de l’Etat, des FDS et des populations a aussi demandé à tous les concernés de constituer leurs dossiers, pour qu’elle puisse faire le plaidoyer et le suivi relativement au dédommagement.
D’ores et déjà, les responsables de la CNDH ont tenu à rassurer les rescapés et, les familles endeuillées de la disponibilité du Président de la République qui a été très sensible à ce drame lorsqu’il recevait le rapport de cette enquête le 22 décembre 2022, et les a même chargé d’informer l’opinion publique de sa décision de faire dédommager, les victimes collatérales non terroristes (blessés et familles endeuillées).
Toutefois, au-delà de cette enquête conduite par la CNDH qui a permis de faire la lumière sur ces évènements, notamment sur les circonstances et le nombre des victimes, les pouvoirs publics doivent approfondir l’enquête du côté des FDS pour situer les responsabilités et tirer les conséquences.
Car, c’est aussi cela l’Etat de droit qui ne s’accommode pas des abus, de l’injustice ou l’impunité et, dans lequel même à l’occasion de l’application de l’état d’urgence déclaré pour faire face au terrorisme, les rôles, les prérogatives et les limites de chaque acteur sont bien encadrés par des textes.